Gilles Rondot

Artiste des frontières

« Au moment où la plupart des plasticiens recherchent la consécration et se cantonnent souvent à diffuser leurs œuvres dans ce qu’on appelle le marché de l’art, pourquoi faut-il que certains nous prennent à contre-pied ? Engagement militant ? Effet de mode ? Souci de gagner un nouveau public ? Besoin de se singulariser ? Ou tout simplement, plus simplement, l’impression que l’essentiel se joue ailleurs. Non pas dans les discours feutrés des vernissages, ni même dans ce que le marché donne comme valeur aux œuvres. Mais dans l’incroyable force de vie qui se dégage de la mouvante réalité des villes. Car, derrière le masque premier, celui de l’intégration ou de la désintégration, se cachent des visages singuliers, porteurs d’histoires et des richesses, d’espoirs et de peur. Et c’est pourquoi sans doute, cet artiste passeur, cet artiste de contrebande, cet artiste des frontières, dénoue inlassablement les fils essentiels de la trame des villes. En inscrivant paradoxalement son parcours entre danse hip hop et arts plastiques, entre Europe et Afrique, il oblige le regard à porter plus loin. Il oblige l’individu à s’ouvrir à l’autre ou du moins à s’en approcher, à construire avec l’ensemble des identités présentes au cœur de la vie. »

Hervé Atamaniuk pour Banlieues d’Europe